Conférence des Présidents d'Université - 2001
Texte d'orientation
AUTONOMIE DES UNIVERSITES ET
RESPONSABILITE : POUR UN SERVICE PUBLIC RENOUVELE
Ce texte a été
rédigé au terme d'un processus de réflexion qui a
débuté au sein de la CPU au printemps 2000 et s'est
achevé avec le colloque de Lille en mars 2001. Il a
été discuté et adopté lors de la CPU du 19
avril. Il constitue la position officielle de la CPU à partir de
laquelle cette dernière souhaite, conformément à ce
qui avait été annoncé, que s'instaure un
débat au plan national avec tous les organismes et organisations
concernés par l'évolution des universités.
Refondées
par la loi Faure du 12 novembre 1968 qui les plaçait sous des
principes fondamentaux d'autonomie, de participation et de
pluridisciplinarité, les universités françaises ont
été dotées d'un statut d'établissements
autonomes, établissements publics à caractère
scientifique, culturel et professionnel (E.P.S.C.P.) par la loi du 26
janvier 1984 (loi Savary). Pour la première fois l'existence d'un
service public d'enseignement supérieur et de recherche,
assuré par les E.P.S.C.P. était alors affirmée.
Lieu de dialogue et de coordination des universités entre elles,
et des responsables des universités avec les autorités de
tutelle, la Conférence des Présidents d'Universités
(CPU) est aussi un instrument de réflexion collective et une
force de proposition pour améliorer le service rendu à la
société. Compte tenu par ailleurs de l'ouverture
internationale et de la constitution progressive d'une Europe de la
formation et de la recherche, il a paru important à la CPU, en ce
début de millénaire, de repenser ce que doit
être l'autonomie des universités françaises et ce
que doivent être les moyens de cette autonomie, dans le contexte
d'une nécessaire modernisation du service public.
Une
donnée essentielle de la situation française est en effet
la référence à la notion de service public, notion
que l'on trouve pour la première fois dans le texte de la loi de
1984. La CPU réaffirme son attachement à cette notion de
service public qui renvoie à une égalité
d'accès pour tous les étudiants, quelle que soit leur
origine sociale et quel que soit le point du territoire où cet
accès doit avoir lieu. La CPU confirme son attachement à
l'ancrage de l'enseignement supérieur et de la recherche dans le
service public, suivant une conception renouvelée des
modalités de gouvernance et de gestion des établissements. Cette
notion de service public doit être mieux explicitée compte
tenu de la triple contrainte qui pèse désormais sur
l'enseignement supérieur et la recherche : favoriser une
insertion professionnelle de qualité pour les étudiants en
formation initiale et continue à travers des filières
offrant des parcours de formation adaptés,
nécessité d'une ouverture plus grande à la
société, à travers une offre de formation et des
activités de recherche et de transfert de technologie qualifiant
le territoire national, et enfin nécessité d'une
internationalisation croissante en ce qui concerne la formation et, bien
entendu, la recherche. Cette
triple contrainte et ses conséquences en terme d'ouverture
à de nouveaux partenaires, à l'international et aux
nouvelles technologies pose la question de la complémentarité
à construire entre service public et autonomie.
Des universités autonomes et
relevant du service public se doivent d'assurer l'accueil le plus large
et le plus ouvert possible, et ceci dans toutes les filières de
l'enseignement supérieur.
Au delà de la licence, la diversification et la
spécialisation de l'offre de formation doivent être la
règle afin que chacun puisse construire un parcours de formation
pertinent et adapté à ses propres objectifs
professionnels. Cette diversification de l'offre de formation doit
être construite à travers des filières suffisamment
nombreuses pour répondre à la demande de formation
initiale et continue. Dans le cadre de ce service public, l'Etat
doit assurer aux universités les moyens d'un accueil satisfaisant
de tous et des conditions d'encadrement permettant à tous les
étudiants les mêmes chances de succès.
Comme les autres services publics,
l'enseignement supérieur a un coût pour la nation et n'a donc pas forcément vocation
à être entièrement gratuit pour les usagers. Il faut
sans doute réfléchir à une responsabilisation des
étudiants à travers un lien financier plus fort avec leurs
établissements, notamment pour les diplômes les plus
professionnalisants, même si en tout état de cause la
participation financière des étudiants doit rester
largement inférieure au coût de ceux-ci. Naturellement
une telle évolution ne peut que suivre une adaptation
significative du système de bourses et d'allocations d'autonomie
des jeunes qui permettrait à la fois d'assurer un accès
équitable de tous à la formation ainsi
qu'une réelle autonomie de choix pour les étudiants.
Enfin, le service public de
l'enseignement supérieur ne peut-être qu'étroitement
associé à celui de la recherche dans la mesure où
celle-ci a vocation à féconder l'évolution
même des contenus enseignés. Le service public de la recherche doit
garantir la liberté et l'indépendance des chercheurs dans
leur activité créatrice, afin que l'élaboration de
connaissances ne soit pas exclusivement au service du marché,
mais bénéficie à l'ensemble de la
société. Il doit aussi reposer sur une symbiose entre
enseignement et recherche afin que les étudiants puissent
bénéficier dans leur formation des avances les plus
récentes de la recherche et que, réciproquement, la
recherche se nourrisse des idées apportées par les
nouvelles générations. C'est pourquoi service public
de recherche et service public d'enseignement doivent être encore
plus et encore mieux intégrés au sein d'universités
plus autonomes.
Dans leur fonctionnement quotidien, les
universités associent les caractéristiques classiques d'un
établissement public administratif, et les particularités
d'un organisme dédié à la production et à la
transmission de savoirs. Etablissement public à caractère
administratif, l'université se caractérise par une
activité assumée pour le compte de la collectivité
en vue de satisfaire un besoin d'intérêt
général. L'établissement public est ainsi
placé sous le contrôle du législateur et de
l'autorité détentrice du pouvoir réglementaire. Le
pouvoir administratif ainsi assigné à l'université
tire sa légitimité permanente du respect des buts
assignés par la loi aux établissements. Ce pouvoir
administratif s'accompagne nécessairement d'une autonomie de
gestion, voire d'une part d'auto-organisation; cette autonomie est
fondée sur le souci d'efficacité de l'action publique,
l'autorité de tutelle ne pouvant diriger de loin avec
efficacité un grand nombre d'établissements engagés
dans des activités diverses.
Mais
l'autonomie, s'agissant des universités, n'a pas pour seul
fondement les règles communes destinées à assurer
l'efficacité du service public: la caractéristique des
universités étant d'assurer une production scientifique au
plus haut niveau sur le front du savoir, la diffusion et la valorisation
des connaissances scientifiques, elles ont une activité qui ne se
prête pas entièrement aux modes de pilotage et de
contrôle classiques des établissements publics. Cette
spécificité du système universitaire s'est
fortement renforcée face à l'évolution et à
la diversification des missions qui lui sont confiées
désormais : formation tout au long de la vie, formation
à distance, préparation à l'avenir professionnel
des étudiants, transfert de technologie, recherche
finalisée, diffusion de la culture scientifique et
techniqueÉ De plus, le champ d'intervention des
universités se situe à toutes les échelles
géographiques, de l'environnement régional de
proximité à la dimension internationale, en passant par le
niveau national et celui de l'Europe. Cette largeur du spectre
d'intervention, complétée par la nécessité
permanente d'innover plaide pour que les universités disposent
d'une large capacité d'initiative dans la définition de
leur politique propre, dans la conduite de cette politique et dans leur
management. Ainsi l'autonomie des universités apparaît
comme une condition nécessaire à l'adaptation intelligente
de ces établissements aux évolutions profondes qu'ils
doivent subir, ainsi qu'aux spécificités des contextes
dans lesquels ils se développent. L'exercice de cette autonomie
dans la conduite de l'université s'accompagne d'une
responsabilisation accrue des établissements et de leurs
dirigeants dans le choix des stratégies et dans les
méthodes de mise en œuvre
Ce double
fondement de l'autonomie - lié d'une part comme pour tout
établissement public au besoin d'efficacité pour la
satisfaction d'un intérêt public, et lié d'autre
part au caractère spécifique de la production et de la
diffusion scientifique - est caractéristique des
universités, en France comme partout dans le monde. Partout
on observe une autonomie de plus en plus large des
établissements universitaires publics et singulièrement en
Europe à un mouvement puissant de développement des
universités européennes. La CPU considère que
la France ne peut rester à l'écart de ce mouvement et que
la pertinence et l'efficacité de la réalisation des
missions de service public impose que les universités
bénéficient d'une autonomie de pilotage et de gestion
considérablement renforcées.
Bien entendu, l'autonomie accordée aux universités ne peut qu'être accompagnée d'un contrôle par la société du respect des textes réglementaires et de l'accomplissement des missions qui leur sont confiées par l'Etat et le gouvernement, donc d'une évaluation externe - qui peut éventuellement avoir pour préalable une auto-évaluation de l'établissement. Le rôle régulateur de l'Etat doit être conforté : dans un système plus décentralisé à travers une plus grande autonomie des établissements, la coordination entre les universités et la garantie que l'offre de service public est équitablement répartie doivent nécessairement lui revenir.
1- Le gouvernement de l'université
: une équipe responsable d'un projet
Confrontées à leurs nouvelles missions, aux exigences des étudiants et de leurs familles en matière de qualité du service public, aux attentes du monde socio-économique et plus que jamais porteuses des échanges culturels internationaux, les universités françaises doivent bénéficier de conditions de fonctionnement à la fois plus simples et plus souples que celles dont les a dotées, dans un contexte différent et à un autre moment de l'histoire, la loi de 1984. En étant parfaitement consciente du fait que tout ne dépend pas de la loi et ne sera pas réglé par elle, et que celle-ci doit en tout état de cause laisser aux établissements une grande liberté d'organisation, la CPU considère que des évolutions significatives sont indispensables et même urgentes pour faire du gouvernement de l'université "une équipe responsable d'un projet".
1.1.En premier lieu, il est indispensable
aujourd'hui que les universités, institutions vivantes
désormais imprégnées d'une culture de projet,
puissent modifier simplement et en toute transparence leur organisation
interne pour donner corps à celui-ci, par exemple en rendant plus
lisible leur offre de formation, accueillant des écoles externes,
favorisant le développement de filières nouvelles, etc.
C'est pourquoi la CPU demande
expressément une modification des conditions de révision
des statuts des établissements. Au lieu de lier cette
modification à une approbation des 2/3 des membres en exercice du
Conseil d'Administration, ce qui confère aux absents un pouvoir
d'inertie, voire de blocage, considérable, elle propose que cette
modification soit acquise à une majorité des 2/3 des
membres du Conseil d'Administration présents ou
représentés, majorité assortie le cas
échéant d'une règle de quorum renforcé.
1.2. En second
lieu, la diversité des sollicitations adressées aux
établissements due à leur insertion croissante dans la vie
économique et sociale des villes et des régions comme
l'exigence de cohérence dans la mise en œuvre du projet
d'établissement ne permettent plus d'envisager
sérieusement le gouvernement des universités autour d'une
seule personne (le Président) entourée de
Vice-Présidents choisis dans des conditions et sur un rythme
différents.
La CPU propose par conséquent que les
Vice-Présidents de l'Université soient élus par
les Conseils concernés sur proposition du Président et que
leurs mandats prennent fin en même temps que le sien.
La généralisation de cette procédure,
déjà appliquée dans certains
établissements, favorise la constitution de véritables
équipes de direction, garantit leur
homogénéité et permet une représentation
plus collégiale de l'institution à l'extérieur tout
en conservant aux Conseils leurs prérogatives majeures.
1.3. En troisième lieu, chacun sait que la
loi actuelle contient un certain nombre de dispositions qui refusent au
Président de l'université certaines prérogatives
accordées par ailleurs aux directeurs de certaines composantes ou
d'écoles externes. Il y a là une originalité
"mondiale" totalement incompréhensible à l'étranger
nuisant à l'exercice de la fonction présidentielle comme
à la représentation et à la continuité de
l'institution.
La CPU demande donc que ces
déséquilibres soient rapidement corrigés. La
possibilité de postuler à un second mandat
consécutif doit être offerte aux présidents. La
fonction de Président d'Université dans le
déroulement de carrière doit
être reconnue par un système de promotion et de primes
garantissant indépendance et liberté d'action.
1.4. En quatrième et dernier lieu,
plusieurs questions non traitées dans la loi de 1984 demandent
une réflexion approfondie pour garantir l'unité de
l'établissement et gérer correctement les
inévitables situations conflictuelles. Ainsi, la CPU
préconise la constitution de groupes de travail élargis
pour étudier :
- la mise en cohérence de la
durée des mandats du Président et des Conseils
- le traitement explicite, dans les statuts des
établissements, des relations entre l'université et ses
composantes.
- les responsabilités respectives en
matière financière : l'ordonnateur principal par
rapport à l'ordonnateur secondaire, autonomie financière
des écoles et instituts.
2- Les instruments de l'autonomie :
une nouvelle relation avec l'Etat
Toutes les
universités développent depuis plusieurs années des
projets d'établissement qui sont devenus des
éléments essentiels de leur autonomie. En effet, le projet
crée une dynamique et l'équipe présidentielle a un
rôle fondamental d'impulsion à jouer dans cette dynamique,
de plus en plus ouverte sur de multiples
partenariats. Le contrat passé ensuite avec l'Etat traduit
l'acceptation par celui-ci de la politique globale de
l'établissement. Projet et contrat traduisent en
définitive une évolution semblable aux processus plus
avancés observés à l'étranger : il
revient désormais aux établissements de décider de
la façon de conduire les missions données par la loi et
donc de développer une relation nouvelle avec l'Etat en
bénéficiant des moyens humains et matériels
indispensables et d'une réelle capacité à les
mettre en œuvre.
2.1.Une
clarification des rôles entre les universités et
l'Etat :
2.1.1. Dans cette perspective, la CPU demande que la
procédure contractuelle soit lancée par une simple lettre
de cadrage comportant les orientations générales d'un ministère
unique associant systématiquement enseignement supérieur
et recherche dans une même structure. Il est nécessaire également
que, l'organisation
ministérielle interne soit adaptée à une
négociation globale, un interlocuteur unique mandaté, le
calendrier respecté et
les différentes "vagues" contractuelles harmonisées.
Elle propose qu'un conseil d'orientation
stratégique puisse être créé par chaque
université afin de permettre un travail de réflexion en
amont des choix politiques préparant l'avenir et prenant en
compte les différents niveaux de son environnement.
Elle suggère que la négociation
du contrat relève ensuite d'une approche globalisée et
consolidée, avec un volet critérisé, un volet
"objectifs" et un volet identitaire, permettant à
l'établissement de mener une véritable politique de
gestion des ressources humaines et financières dans un cadre
pluri-annnuel.
2.1.2. En matière d'habilitation des
formations, la CPU souhaite vivement une simplification des
procédures (passer d'une habilitation a priori à une
évaluation a posteriori) laissant l'initiative aux
universités. Afin de
donner lisibilité et cohérence aux dispositifs de
formation et aux diplômes qui les accompagnent, elle demande le
regroupement des diverses commissions d'expertise en une seule.
2.1.3. Pour ce qui concerne la recherche, cette
approche globale doit prévaloir également. Le contrat
n'est pas la simple reconnaissance de l'existence d'équipes, il
doit être l'occasion d'encourager la définition et de
ratifier l'existence d'une politique de recherche de
l'établissement s'inscrivant
naturellement dans les perspectives nationales fixées par l'Etat.
2.1.4. L'évaluation du contrat (qualitative
et quantitative) doit être partagée sur la base
d'indicateurs proposés par les établissements et
validés par le ministère, en particulier sur les formations et le
devenir des étudiants. Les éléments du bilan
doivent faire l'objet d'une explicitation et d'une communication
écrite à l'établissement.
2.2. La gestion par les universités
de moyens humains et matériels accrus :
A l'heure actuelle, en matière de
dépenses cumulées par étudiant, la France se situe
en dessous de la moyenne des pays de l'OCDE. Par ailleurs, ses
dépenses de recherche ramenées au PIB sont sensiblement
inférieures à celle des grands pays
développés.
Pour maintenir la qualité du service
public d'enseignement supérieur et de recherche et garantir sa
place dans la compétition mondiale, la collectivité
nationale devra d'une part accroître sensiblement les
moyens fournis aux universités, d'autre part tout mettre en œuvre
pour en améliorer l'utilisation, notamment à travers
l'apport de compétences nouvelles et la décentralisation
de la gestion au niveau des établissements.
Il est à cet égard essentiel
qu'une structure collective comme l'Agence de Modernisation des
Universités et des Etablissements (AMUE) permette la mise en
commun d'outils et la mutualisation des bonnes pratiques de gestion et
d'organisation des établissements.
2.2.1. Les universités doivent
maîtriser en premier lieu leurs ressources humaines :
La première urgence concerne le renforcement
de l'encadrement supérieur des universités, notamment pour la gestion
financière, la gestion des ressources humaines, la
sécurité, ainsi que le développement de
systèmes d'information performants et des technologies de
l'information et de la communication. La valorisation des fonctions de
secrétaire général est une donnée
essentielle dans le renforcement de l'encadrement supérieur des
universités.
Sur un plan général, la CPU
propose le maintien de la gestion des personnels dans une fonction
publique d'Etat, mais demande l'attribution des moyens en personnels
IATOS aux universités sous forme de masse indiciaire globale afin
de faciliter les modifications d'emplois en fonction des besoins de
l'établissement. Une large déconcentration de la gestion
de leur recrutement et promotions, au vu de
listes d'aptitude nationales, est également souhaitable. Cette
déconcentration doit naturellement se faire en respectant la
nécessaire concertation démocratique au niveau de chaque
établissement.
. Pour
les enseignants-chercheurs, les listes de qualification nationales
doivent être conservées, avec toutefois possibilité
de recrutement permanent par les établissements, par appel de
candidatures en cas de vacance d'emploi. Dans un cadre
général national, la
définition précise du contenu des services des
enseignants-chercheurs pourrait être fixée au sein de
l'établissement en intégrant notamment la reconnaissance
des nouvelles fonctions, ainsi que des possibilités
d'investissement prioritaire, au cours de la carrière, dans la
recherche, la pédagogie, ou la vie de l'établissement.
Tous
les personnels doivent pouvoir bénéficier d'actions de
formation continue. Ces actions pourraient être l'objet d'une
mutualisation entre les universités à travers l'AMUE.
2.2.2. Les ressources
financières sont actuellement insuffisantes :
En parallèle avec un effort financier accru de la nation la CPU n'est pas hostile à une augmentation progressive modérée des droits d'inscription, modulée par année d'études, avec compensation sociale totale, permettant de faire disparaître les droits spécifiques. Les diplômes professionnels et de troisième cycle peuvent justifier une augmentation plus significative. Système de bourses et d'allocations d'autonomie doivent au préalable être améliorés.
La valorisation de la recherche doit
être fortement encouragée par la mise au point de
dispositions fiscales incitatives et réellement novatrices
permettant le développement des ressources propres de
l'établissement. Les
retombées économiques de la recherche sont naturelles.
Négliger les ressources que, tout en préservant leur
autonomie, les universités peuvent tirer de leurs relations avec
le secteur économique serait une erreur. Mieux que quiconque, des
universités autonomes, dont les instances jouent leur rôle
d'orientation, peuvent utiliser ces ressources nouvelles au
bénéfice du public le plus large. La mise en œuvre de
moyens en personnels compétents spécialisés pour la
formation continue et pour la recherche contractuelle est indispensable.
Là encore, des actions de formation continue des
personnels, qui pourraient être organisées par l'AMUE,
pourront permettre d'atteindre cet objectif.
Les établissements doivent être
sensibilisés à la nécessité de facturer
leurs prestations commerciales au coût réel (coût
complet, et non pas coût marginal).
L'octroi de crédits d'impôts
aux entreprises qui aident financièrement le développement
de l'université peut être une mesure stimulante.
2.2.3. Les universités ont vocation
à maîtriser leur développement spatial :
Comme c'est le
cas dans la plupart des pays étrangers, la
propriété des biens immobiliers universitaires doit
leur être dévolue, même si cette dévolution
peut être modulée en fonction des objectifs et des moyens
de chaque établissement.
Ceci suppose que l'Etat dote les établissements des moyens
nécessaires à la réalisation des opérations
de maintenance des locaux.
La maîtrise d'ouvrage de droit commun
revenant aux universités, un raccourcissement significatif des
délais de construction peut en être espéré.
La question de la sécurité,
enfin, exige un plan d'urgence immédiat.
3. Les universités et leur
environnement-des partenariats à renforcer au plan
régional et international :
Un service public renouvelé dans le
cadre d'établissements plus autonomes impose une meilleure
définition des cadres dans lesquels les universités
peuvent développer leurs partenariats, notamment avec les
pouvoirs publics locaux, les acteurs socio-économiques et
internationaux.
3.1.L'environnement
régional :
La
CPU est favorable à la constitution de Conférences
régionales permanentes de l'Enseignement Supérieur et de
la Recherche, obligatoirement consultées sur les grandes orientations de
développement (schémas directeurs), ainsi que sur les
contrats qui rythment le développement des établissements,
contrats quadriennaux et, naturellement, contrats de plan Etat
Région. Les projets impliquant les questions de
développement local devraient systématiquement être
négociés et validés au travers de contrats
tri-partites impliquant les signatures de l'Etat, des régions et
des universités. De
tels contrats justifient la mise en place, dans chaque
établissement, d'un conseil d'orientation stratégique,
rassemblant les différents partenaires régionaux (région,
départements, communautés de villes et
d'agglomérations, partenaires socio-économiques et
professionnels), instruisant
en amont les dossiers de développement local impliquant les
universités, et donnant ses avis au Conseil d'Administration,
seule instance habilitée à élaborer le projet
d'établissement. La
participation des organismes de recherche au développement local
trouvera naturellement sa place dans de tels contrats,
élaborés au sein des conférences régionales.
Le développement de relations nouvelles et accrues avec d'autres
partenaires que l'Etat est un moyen d'accroître les marges
d'autonomie des universités et d'harmoniser leurs projets avec
les nécessités de l'aménagement du territoire.
La
coopération interuniversitaire interrégionale doit
également être favorisée. L'élaboration d'un
cadre nouveau pour cette coopération doit être
recherché, notamment en s'inspirant des nouvelles
règles de l'intercommunalité pour les collectivités
municipales.
3.2.
L'environnement international :
La
mobilité internationale des étudiants est une condition
indispensable pour la construction d'une citoyenneté
européenne. La CPU s'est d'ores et déjà
déclarée favorable à une organisation
généralisée des enseignements en crédits
capitalisables. Au demeurant,
ce système garantira non seulement la mobilité
internationale des étudiants mais tout simplement leur
mobilité, entre filières de formation et entre
expérience professionnelle et formation.
Les
universités françaises doivent contribuer à la
construction de l'espace européen de la formation en favorisant
une plus grande mobilité des étudiants, français ou
étrangers. Elles doivent contribuer à la reconnaissance
réciproque des formations. Ceci passe par une meilleure
capacité à développer l'accueil des
étudiants étrangers et à préparer la
mobilité internationale des étudiants français. Des
moyens adéquats doivent ainsi être dégagés, notamment en ce qui concerne les
compétences des personnels amenés à animer les
cellules internationales et mobilité des établissements. La
CPU recommande que soit affectée aux universités la
plénitude de la gestion des aides et des bourses à la
mobilité pour les étudiants étrangers. Cela implique également la
maîtrise du recrutement des étudiants étrangers par
les universités françaises.
En ce qui concerne les formations doctorales
et la recherche, les bourses en
co-tutelle doivent
être développées et leur attribution doit
être mieux maîtrisée par les établissements.
Enfin l'internationalisation des universités demande que soit
facilitées les échanges d'enseignants-chercheurs et de
chercheurs entre universités françaises et
étrangères. La CPU demande que des échanges de
services soient rendus possibles entre enseignants-chercheurs
français et étrangers, encadrés par un système de
conventions directement passées entre les universités
françaises et leurs homologues étrangères.